vendredi 30 mars 2012

Le fond de bois à l'orcanette (4) : résultats

Tests sur l'érable, Eloïse Marcastel


Mes tests de fonds de bois sont secs, prêts à être vernis. Chaque échantillon vient d'une même pièce de bois (épinette ou érable), et a reçu un même traitement de surface.

Pour voir la réaction de la teinture d'orcanette avec l'apprêt au silicate de sodium, j'ai fait une série "témoin" avec une couche de gomme arabique.


Le test à la gomme arabique est composé de :
- une couche de gomme arabique
- une couche de teinture d'orcanette
- une couche d'huile de lin doublement bouillie (sauf dans le cas des teintures à l'huile et huile et térébenthine).

Le test au silicate de sodium est composé de :
- une couche de teinture d'orcanette
- une couche de silicate de sodium
- une couche d'huile de lin doublement bouillie.


Ces échantillons sont des tests préalables pour les échantillons de vernissages de mon cours Finition I.

Tests sur l'épinette, Eloïse Marcastel
Je vais choisir une teinture et un apprêt pour mes échantillons de vernis. Ces échantillons seront tous travaillés de façons différentes :
- 1 : bouche pore, fond de bois, apprêt, scellant.
- 2 : fond de bois, apprêt, scellant.
- 3 : fond de bois, scellant.
- 4 : fond de bois, apprêt.
- 5 : fond de bois.
Ils nous aideront à comprendre l'utilité de chaque couche préalable au vernis. Et ils seront vernis au vernis à l'alcool et au vernis à l'huile.


Mes tests d'orcanette seront aussi vernis. Mais je ne sais pas encore quel verni je vais utiliser. Je vais commencer par me familiariser avec les deux sortes de vernis en cours et choisir celui avec lequel je préfère travailler.

lundi 26 mars 2012

Conception de mon projet final (1) : grandes lignes et premières idées

Dans le cadre du cours Projet et signature, nous sommes amenés à concevoir un blogue, un logo, une carte de visite ainsi que le travail final que nous réaliserons en sixième session (à l'hiver 2013), et présenterons à nos professeurs à l’Épreuve Synthèse de Programme.

En tant que luthière en option violon, je dois me contraindre à un cahier des charges assez souple. Les seules vraies limites que j'ai étant le poids (550g max pour un violon), et les frais de matériaux (300$CAN max). Et les 200 heures de temps de fabrication.

Pour nous aider dans notre démarche, nous sommes encouragés à concevoir 3 projets assez différents que nous allons ensuite présenter au professeur qui nous encadrera lors de la réalisation du projet, en l'occurrence Xavier Bouchard. Il pourra alors commenter les points forts et les points faible de chaque projet pour nous guider à finalement en choisir un seul que nous allons perfectionner. Et cet entretient ayant lieu en groupe, nous pourrons discuter avec nos camarades de nos projets et les comparer.

Pour l'instant mes trois idées ressemblent à ça :

Première idée : un alto, à cut-away, (cf : mon violon Stream') électro-acoustique. Les éléments de décorations du violon Stream' sont pour l'instant optionnels, quoique les bas reliefs sur la couronne d'éclisse sont les plus réalisables. 

Deuxième idée : un Hardingfele, renégocié à la sauce Eloïse : une volute qui se réfère à une légende de mon enfance, on oublie les motifs à l'encre sur les voûtes. Et pas forcément d'incrustations de nacre sur le filet pour un premier...

Troisième idée : un violon électrique, avec des éléments figurants ma vision du Québec. Peut-être même un cinq cordes, tant qu'à y être !





mercredi 14 mars 2012

Déclinaisons de mon image promotionelle

Logo, Eloïse Marcastel
Mon image promotionnelle est mon logo, mon nom, et la qualité de mon travail. Pour la décliner, le plus simple est d'étendre les supports et formes d'impression de mon logo aux espaces où sera déjà inscrit mon nom.

Soit :
- les entêtes de lettres, devis, factures, contrats, enveloppes, et tous autres feuillets imprimés en mon nom.
- les étiquettes de mes instruments.
- la devanture et l'affichette des horaires de mon atelier.
- l'emballage des accessoires mis en vente dans ma boutique.
- les boites des instruments en location par mon atelier.
- etc...

Cependant, dans le cadre de mon activité professionnelle, je serai amenée à travailler avec des fournisseurs d’accessoires connus et reconnus par les musiciens. Je ne pourrais donc pas m'amuser à m'approprier leurs produits, pour que mes clients puissent retrouver facilement l'accessoire qu'il leur faut chez un confrère.

De plus, en tant que professionnelle, je souhaite être reconnue par la qualité de mon travail plus que par mon logo. C'est pourquoi mon petit violon ne sera probablement visible que sur ma carte d'affaire et mes courriers.


Le fond de bois à l'orcanette (3) : tests

Après avoir rassemblé mes informations, j'ai choisi quatre solvants :

- l'alcool modifié, 
- l'essence d'aspic, 
- l'huile de lin bouillie,
- le mélange d'huile de lin et de térébenthine de baume de sapin.

Je sais aussi que le colorant présent dans l'orcanette réagit aux alcalins, et que l'un de mes apprêts est le silicate de sodium (le sodium est un alcalin). Pour savoir quel solvant donne le meilleur résultat, j'ai donc fait huit échantillons.

Chaque solvant a deux échantillons. Le premier a un apprêt à la gomme arabique placée juste après la finition, et donc avant la teinture. Le second a un apprêt au silicate de sodium ou verre liquide, qui est placé au dessus de la teinture (ou mélangé avec dans la teinture à l'alcool). 

J'ai ensuite appliqué une couche de scellant, de l'huile siccative de lin. Qui est une couche supplémentaire pour les teintures à l'alcool et à l'essence, mais est comprise dans la teinture pour les deux autres.

Chaque échantillon est réalisé sur l'érable et sur l'épinette. J'ai donc une palette de seize échantillons. Je vais ensuite pouvoir choisir quel teinture utiliser dans quelle combinaison, pour réaliser l’échantillonnage réellement demandé en cours.


mardi 13 mars 2012

Mon premier violon

Mon premier violon est assemblé ! En tout cas, le manche est enclavé, la poignet est sculptée. Je suis en train de travailler le chevillier.

#1, Eloïse Marcastel
Moi et #1


Mon bébé s'appelle #1. Les autres élèves ont "baptisé" leurs instruments. Je n'avais pas d'idée pour lui.



C'est un bébé anorexique. Il est trop fin à la taille, aux épaules, pas assez long, et la volute est toute menue menue ! Mais pour l'instant, le fond et la table sont accordés (au mode 2 de Chadni). Le renversement est correct.  Et les ouïes sont correctement placées.



Je suis fière, il est tout beau !

vendredi 9 mars 2012

Mes premiers violons : les morceaux

Mes deux couronnes d'éclisses.
Vue du dessus des éclisses de n°1

Mes deux premiers bébés ont été fabriqués à partir de plans du Viotti de Stradivarius (1709). Ces deux premières photos datent de l'année dernière (avril 2011).



Ou pourquoi coller ses filets à la maison c'est calvaire !
Cet automne j'ai fabriqué les tables, fonds et manches de mes violons. Et j'ai collé une partie des filets du fond de n°2 chez moi... Je ne veux pas répéter l'expérience. Il y a toujours quelque chose sur le chemin. Les plaques de cuisson ne sont pas aussi sensibles que le réchaud de l'école, etc... J'ai bien cru bruler puis noyer ma colle plus d'une fois. Mais le résultat est quand même très beau !

Les filets en place avant de coller
Vue rapprochée, les pièces servent à remplir les mortaises.
Depuis les pièces ont été finies. Et j'ai fini d'assembler mon premier violon mercredi (6 mars 2012). Il ne me reste qu'à ajuster les chevilles, poser le sillet du manche, celui de la caisse, l'âme et enfin les cordes pour son premier essai en blanc !

Ma carte d'affaire

Ma carte d'affaire est désormais finie. Elle est prête à être distribuée.

Cartes d'affaires, Eloïse Marcastel

Je l'ai choisie rectangulaire, pour rester classique, et être facilement reconnue comme une carte d'affaire. Cela pouvait en effet poser problème avec ma carte ronde recto-verso.

Je l'ai choisi compacte, pour mettre en avant mon logo.

J'ai choisi  de l’imprimer sur du papier de Scrapbooking, avec une face unie et une face à motifs. Je voulais rompre avec la carte en  noir et blanc, sans ajouter de couleurs. Je voulais quelques chose de variable, de facilement interchangeable. J'ai 16 feuilles différentes, mais je n'ai imprimé mes cartes que sur 7 d'entre elles.
Les faces unies sur lesquelles sont imprimées les informations sont des tons neutres. Certains clairs, d'autres plus sombres.
C'est aussi une façon de jouer avec le récepteur de la carte. Je capte son attention avec une carte inattendue. Certaines personnes vont choisir leur carte dans la série disponible, et donc ajouter une fonction affective à la fonction informative déjà présente.

Carte d'affaire, Eloïse Marcastel
J'ai concis les informations pour ne garder que mon nom, mon adresse courriel  et mon blogue. Mon adresse postale a tendance à changer tous les ans, et j'aimerai continuer à voyager encore un peu. Et mon numéro de téléphone dépend du pays où je suis... Je n'ai gardé que les informations intemporelles. Ainsi mon petit tas de cartes d'affaires va pouvoir me durer quelques temps.

Le fond de bois à l'orcanette (2) : recherches et références

Avant de me lancer dans les décoctions, j'ai du faire (un peu plus) de recherches. Je voulais déterminer quelles essences et quelles huiles étaient susceptibles de donner un meilleur résultat.

J'ai donc utilisé Google Book, pour trouver des références assez anciennes et exostives  pour de donner une bonne base de départ. J'ai donc pu consulter plusieurs manuels anciens faisant référence à l'Orcanette. Cependant ces références appartiennent plus aux domaines de la teinture des tissus et de la pharmacie, un peu de cosmétique, mais pas du tout de la lutherie.


Leçons élémentaires de chimie partie 2,  

 Faustino Giovita Mariano Malaguti

 Le premier extrait que j'ai trouvé est trop abstrait pour être utilisé. Il est cohérents avec le reste de ma documentation. Les ingrédients présentés sont
- l'éther, 
- les sels de fer, pour du violet
- l'huile. pour du bleu

Nouveau manuel complet du fabricant de 

produits chimiques, G. Eugène Lormé






Cet extrait est très précis. Il donne des indications sur ce que je ne dois pas utiliser. Et surtout il donne beaucoup de nouveaux ingrédients :
- l'alcool
- l'éther
- la soude ou la potasse pour du bleu
- l'étain pour du cramoisi
- les sels de fer, pour un gris-violet
- les sels d'alumine pour un violet.






Manuel du fabricant d'indiennes, L.J.S. Thillaye

Le manuel de teinture dont est extrait cette recette, est consacré aux teintures de laines. Cette recette était glissée entre deux techniques possibles pour obtenir un gris ou un lilas. Elle ressemble (avec des quantités) à ce que j'avais trouvé dans le Violins Varnishes, mais lui concernait des essences.

Traité de chimie organique, Justus von Liebig

Cet extrait est tiré d'un traité scientifique. Le jargon est un peu compliqué pour une "simple" expérimentation d'apprentie-luthière. La recette est la suivante :
1) extraire le colorant avec de l'éther
2) dissoudre le colorant avec de l'alcool, l'éther, l'huile, ou l'essence.
3) - étain pour un cramoisi
    - plomb pour un bleu
    - fer pour un violet


Encyclopédie méthodique Volume 5



Ce dernier extrait est cité comme référence dans beaucoup de textes que j'ai consultés. Il donne des indices sur la qualité de l'orcanette (et déjà celle de l'école qui vieillit dans le placard depuis au moins 15 ans part avec mauvaise mine).  Les ingrédients qu'il cite sont :
- l'alcool
- l'huile de noix
- l'essence de térébenthine.



Maintenant que j'ai plusieurs pistes et directions pour mes expériences, je vais pouvoir décider quoi utiliser, comment et avec qui !


Je suis comme un alchimiste médiéval, mais je n'essaie pas de faire changer le plomb en or, juste l'orcanette en pourpre.

jeudi 8 mars 2012

Le fond de bois à l'orcanette (1) : problèmatique

Racine d'Orcanette, Mon-droguiste
Parce que les professeurs de l'école ont fini par avoir une belle collection d'ingrédients de vernis oubliés. Oubliés dans les recettes autant que dans les placards de l'école...
Et parce que le but de notre cours de vernis est d'expérimenter (oui, rien que ça), j'ai décidé d'utiliser l'orcanette comme fond de bois !

Colorant naturel oublié, il donne une coloration rouge-pourpre qui peut tourner au rouge. Quand je dis oublié, c'est que Pérégot dans son ouvrage de référence sur les ingrédients de peinture à l'huile (et de vernis de lutherie) le décrit comme "désuet".

Ce qui est drôle avec l'orcanette c'est que plus personne ne sait quoi en faire... Et étrangement j'ai une semaine de relâche devant moi. D'où je vais expérimenter !

La recette que j'ai trouvé dans le Violin Varnishes, consiste à le mélanger à de l'essence, ou à de l'huile siccative, ou aux deux. J'ai accès à de l'huile essentielle de lavande, d'aspic, de l'essence de térébenthine, de l'huile de lin, de l'huile d'abrasin. Je vais jouer à l'apprenti-sorcier !

Aventure à suivre...


lundi 5 mars 2012

La forme de la contrebasse : les instruments de Mario Lamarre

Lamario ou Mario Lamarre est un luthier spécialisé dans les contrebasses. Il travaille à Montréal. Ses instruments sont particuliers en plusieurs points.

Il a conçu un manche démontable pour la contrebasse, la rendant plus facile à déplacer et à transporter en particulier par avion.

Ses contrebasses sont uniques. Leurs volutes et le dos de leurs chevilliers sont sculptés et parfois même creusés.

Les voutes de ses instruments ont des facettes, qui correspondent au mode de vibration 2 du modèle de Chadni. Ces facettes sont au nombre de 8 (4 en haut et 4 en bas) et forment un motif ressemblant aux nervures d'une feuille.

Je n'ai pas pu ajouter de photos pour illustrer mon propos, mais les photos présentes sur son site internet parlent d'elles-même.


dimanche 4 mars 2012

Les dimensions de l'alto (5) : un idéal par René Morel

René Morel
Le maitre luthier René Morel a restauré plusieurs anciens altos. Ce travail a été fait pour des musiciens, ce qui lui a permis d'établir avec eux les dimensions nécessaires à ce qui serait un alto exemplaire. Ses réflexions et ses résultats sont réunies dans l'article "The secret of viola sound" de la revue The Strad publiée en février 1994.

Les dimensions qu'il y propose sont les suivantes :
 - longueur de caisse = 16-17 1/2 pouces ou 408-445 mm
 - diapason = 8 3/4 pouces ou 223 mm
 - longueur du manche = 5 7/8 pouces ou 150 mm
 - longueur de corde vibrante = 14 3/4 pouces ou 375 mm (+/- 2 mm en fonction de la hauteur de voute).

Il conseille aussi de fabriquer le fond à partir d'une seule pièce d'érable coupée sur dosse.


Les origines et le devenir de l'alto : réflexion par John Dilworth

Violon, Andrea Amati
Dans son article "Unfinished journey" parue dans la publication de mai 1996 de la revue The Strad, John Dilworth met en perspective l'évolution de l'alto et celle du violon.

Le violon a d'abord été un instrument populaire. Il est devenu l'instrument soliste sous la main experte d'Andrea Amati au milieu du 16e siècle. Celui-ci et plusieurs autres luthiers réunis à Crémone, en Italie, ont permis au violon de se rependre en Europe. En effet leurs instruments sous le mécénat de la couronne d'Espagne, ont été offerts aux ensembles et orchestres des Cours d'Europe.

L'alto, qu'en à lui, est peut-être un descendant de la lyra da braccia. Ils ont tous deux une tessiture proche de la voix humaine. On retrouve de très nombreux altos fabriqués à Brescia, au nord de l'Italie, au milieu du 16e siècle. Brescia appartenant alors à la province de Venise, les luthiers fabriquaient des instruments en fonctions des besoins de leurs clients. Ces derniers sont des musiciens. Leurs besoins sont donc différents des commendataires royaux de Crémone. Ils ne sont pas très beaux, ni parfaitement finis, mais ils ont un son très riche et très ronds, ce qui manque à leurs cousins de Crémone.

Alto, Gasparo Da Salo
Les instruments les plus représentatifs de cette période sont ceux de Gasparo Da Salo. On retrouve leurs caractéristiques dans les instruments de ses élèves, Maggini et Zanetti. Ce sont de grands altos (jusqu'à 48cm) qui se jouent parfois da spalla. Leur corde vibrante est variable, ce qui ne les rends pas très aisés à jouer. Mais leurs formes, longs, très larges, avec très peu de taille, leur confère un son très "alto" (comme dirait mon professeur de Dessin de Lutherie). Un son chaud, rond, vibrant.

L'alto n'est devenu plus petit qu'au milieu du 18e siècle. La longueur de la caisse s'est alors standardisée aux alentours de 410 mm. A la même époque, les luthiers parisiens ont introduit le retournement du manche, et l’allongement de la touche. Et la longueur de corde vibrante des altos a été standardisée aux alentours de 220 mm.

Depuis de nombreuses formes ont été proposées pour l'alto, et de nombreuses possibilités peuvent encore voir le jour. Contrairement au violon, son évolution n'est pas retenue par les réalisations de nos illustres prédécesseurs.