mercredi 10 avril 2013

Ouverture d'esprit et collaboration : fabriquer une pipe ?

L’École Nationale de Lutherie de Québec est située dans le bâtiment du CFCMA (Centre de Formation et de Consultation en Métiers d'Art), qui héberge aussi l’École de Joaillerie de Québec. (Oui, un peu de pub ne leur fait pas de mal). 

Tous les étudiants en Métiers d'Art (lutherie, joaillerie, ébénisterie, textile, céramique et sculpture) ont des cours de tronc commun ensemble : le dessin, l'histoire de l'art, la conception, la comptabilité, et le marketing. Ces cours nous permettent de nous rencontrer, de discuter de nos projets et parfois de trouver des solutions à nos problèmes techniques chez d'autres spécialités, et parfois aussi de collaborer sur des projet.

Il arrive souvent que les joailliers et les luthiers collaborent pour leurs projets finaux. L'exemple type est un luthier en option violon qui commande un cordier personnalisé en métal à un joaillier. Une fois n'est pas coutume l'inverse s'est produit !

Alex Boutet, un finissant en joaillerie, fabrique un ensemble pipe-cane-rasoir d'inspiration Steampunk. Il m'a commandé la partie en bois de sa pipe. Il m'a fourni un ébauchon de bruyère, des plans techniques, un modèle de pipe et une représentation en 3D de sa pipe en matériau composite. 

Plusieurs heures de façonnage et de finition ont permis d'obtenir le résultat suivant :

 

dimanche 7 avril 2013

Faire un plan sur AutoCad

Dessiner un instrument au compas et au crayon est un exercice géométrique de copie et d'interprétation.
Dessiner un instrument en dessin assister par ordinateur est infiniment plus précis et périlleux ! D'ailleurs j'ai recommencé cette année !

Le cours Dessin de Lutherie II de l’École Nationale de Lutherie de Québec intègre la conception d'un instrument à son dessin par ordinateur avec le logiciel AutoCad. Recherche de données, choix esthétiques, but sonore, puis recherche de courbes, raccords de courbes, modifications de splines et de polylignes, normes de dessin technique, mise en page réglementaire.

Contralto, Maggini
L'année dernière j'ai appris à utiliser le logiciel et sa logique. Ce coup ci j'ai appris la rigueur, la précision, et l'analyse de données.

J'ai changé de modèles. Je suis toujours aussi fidèle aux maitres de Brescia, mais j'ai choisi le contralto de Maggini.
J'ai dû modifié les C qui sont trop petits proportionnellement à l'instrument. J'ai aussi légèrement modifié la volute, mais son chevillier garde son allure de viole. 
Les fs sont complètements différents.
J'ai gardé les doubles filets, même si leur réalisation dépend de la réalisation du premier qui doit être impeccable.
La voute va rester très ronde et marqué pour donné un côté rond et peu projetant d'un instrument de musique de chambre ou de jazz.

Nicolas : mon second violon

Parfois être perfectionniste a du bon. Parfois moins... Voici l'histoire de Nicolas, le violon toujours pas fini !
Le Petit Nicolas, Sempé et Goscinny

Mon second violon a été fabriqué en tant que second instrument pendant mes cours de fabrication en première et deuxième année à l’École. 

Les soucis ont commencé dès la couronne d'éclisses : mon premier moule n'avait pas tout à fait les mesures du Viotti de Stradivarius modifié par Serge Hébert. Il a fallu refaire un second moule (ce qui est d'ailleurs la norme pour le cours Couronne d’Éclisses depuis) au lieu de démouler la première couronne et lui fabriquer un faux-moule.

La table m'avait réservé une autre surprise : plusieurs poches de résines se sont caché dans le bois. Il a fallut les assécher à l'alcool, puis les boucher. Cela a été facile pour la poche qui se trouvait en demie épaisseur de la table, mais une autre située très proche du futur f traversait la table. Après plusieurs tentative de la reboucher correctement, j'ai choisi de modifier les fs de ce violon, ils sont devenus plus long et l'olive du bas est un peu basse.

Le fond a été dur à travailler physiquement pour mon coude et mon poignet.

J'ai collé une partie de mes filets chez moi, en devant gérer la température et la texture de la colle avec une plaque électrique que je ne connaissais pas autant que celle de l'école, et marteler des filets sur un plan de travail de cuisine ne donne vraiment pas le même résultat qu'un établi !

Pendant l'enclavement, un geste malheureux a brisé la table. Il a fallut détabler pour réparer et faire mes premiers taquets... 

Harvey Double-Face, Batman
Sur nos premiers instruments nous perçons le chevillier "en restauration", le violon tenu en l'air perpendiculairement à une perceuse électrique placée dans un étau. Les premiers trous étaient correct. Travailler à l'alésoir dans le trou de La (sous la volute) a brisé la paroi du chevillier. Il a fallut faire une joue, à l'extérieur du chevillier "pour plus de facilité", joue a finalement recouvert les 4 trous. Il a donc fallut tout bouchonner... Avec toute cette colle et ces bois différent mon manche avait plus une allure Harvey-double-face que Petit-Nicolas...


Pour les essais je l'ai monté tel quel, et je l'ai présenté aux étudiants en violon du Cégep Sainte Foy de Québec. 

Arrivé l'automne j'ai commandé un nouveau manche chez Heinl à Toronto. La volute était sculptée pour Noël, le nouveau manche enclavé pour février. Il reste à finir de sculpter le manche et le vernir, et mon violon sera enfin fini !